Lors de l'émission Capital, sur M6, Gérald Darmanin a confirmé que les réseaux sociaux seraient surveillés pour repérer les fraudeurs.
Le ministre de l'Action et des Comptes publics a fait sensation dans l'émission Capital diffusée ce dimanche 11 novembre sur M6 en annonçant que l'administration fiscale allait surveiller les réseaux sociaux pour détecter des faraudes. Certes, il ne s'agit pour l'heure que d'une expérimentation, qui sera menée dès le début 2019, mais elle montre comment le fisc compte utiliser les nouvelles technologies pour mieux lutter contre la fraude.
Comme Gérald Darmanin l'a précisé, il n'est pas question d'un contrôle généralisé et systématique. Ni d'une intrusion dans la vie privée. La cellule qui sera chargée de cette surveillance se contentera de cibler des contribuables suspects en regardant simplement ce qu'ils publient (photos, commentaires, etc.) afin de détecter des différences entre le train de vie réel et leur déclaration officielle. "Si vous vous faites prendre en photo de nombreuses fois avec une voiture de luxe alors que vous n'avez pas les moyens pour le faire, peut-être que c'est votre cousin ou votre copine qui vous l'a prêtée, et peut-être pas", a déclaré le ministre. pas question de délation pour Gérald Darmanin, puisque, comme il l'a expliqué, ce sont souvent les gens eux-mêmes qui se prennent en photo dans leurs publications.
On s'en doute, la nouvelle a surpris et les réactions n'ont pas manqué depuis la diffusion de l'émission. Dès le lendemain, le ministre a tenu a apporté quelques précisions pour rassurer le public. "Il s’agira d’un outil supplémentaire de lutte contre la grande fraude, et en aucun cas d’une surveillance généralisée des réseaux sociaux", a-t-il répété lundi. Il a toutefois souligné qu'il y aura bien un croisement avec des données déjà exploitées par l'administration fiscale pour "cibler les fraudes les plus graves". Mais il a également rappelé qu'il n'y aura aucune inversion de la charge de la preuve : il incombera toujours à l'administration de démontrer la fraude, sur la base d'éléments objectifs, et pas l'inverse.
Comme il se doit, l'opération sera menée avec l'accord de la CNIL.Il est évidemment trop tôt pour savoir ce que cette nouvelle forme de chasse aux fraudeurs donnera, mais cette annonce a le mérite de rappeler que tout ce qui est publié devient, par essence, public et donc accessible à tous…
Photo : © M6
